Qui sont les Silbermann ?
Pas moins de neuf membres de la famille Silbermann exercèrent le métier de facteur d’orgues, sur trois générations, répartis dans les ateliers de Strasbourg et de Freiberg.
André (Andreas) fut le fondateur de la dynastie. Né le 16 mai 1678 à Kleinbobritzsch, en Saxe, il fut formé à la menuiserie de 1691 à 1694 à Freiberg, puis à la facture d’orgues auprès d’un maître inconnu. Il arriva en 1699 en Alsace, à Bouxwiller, puis travailla chez le facteur Friedrich Ring à Strasbourg. Il s’installa dans cette ville en 1701 et en devint bourgeois en 1702. De 1704 à 1706, il travailla chez François Thierry, à Paris, « pour se perfectionner encore davantage dans le goût des orgues français ». De ces modèles parisiens, il apprit la qualité matérielle du travail artisanal mais n’adopta jamais le style classique français dans toute sa rigueur, trouvant peu à peu sa propre voie. Il érigea trente-quatre orgues avant de mourir le 16 mars 1734.
Son frère Gottfried naquit le 14 janvier 1683 à Kleinbobritzsch. Il rejoignit André à Strasbourg en 1702 et y devint son apprenti. Durant le séjour parisien d’André, il resta à Strasbourg et s’y inscrivit à l’université. Il quitta l’Alsace en juillet 1708 et revint en Saxe en mai 1710, d’abord à Frauenstein, puis à Freiberg. Dès ses premiers ouvrages, il développa sa propre esthétique, très différente de celle de son frère, même s’il conserva quelques techniques apprises de l’orgue français. Il connut Johann Sebastian Bach, son fils Wilhelm Friedemann et son élève Johann Ludwig Krebs. Outre les orgues, il confectionna également des clavecins, clavicordes et pianos-forte. Il mourut le 4 août 1753, après avoir livré 45 orgues, dont la plupart sont encore conservés.
Des quatre fils d’André qui exercèrent ce métier, Jean-André fut le plus remarquable. Né le 25 juin 1712 à Strasbourg, il fut formé dans l’atelier paternel et prit une part croissante dans la construction des derniers ouvrages d’André. Il succéda ainsi à son père en 1734, à l’âge de 22 ans. Après un voyage de six mois en Allemagne, en 1741, durant lequel il travailla chez son oncle Gottfried, il infléchit sa facture dans une direction un peu plus germanique, mais sans renier ce qu’il avait appris de son père. Jusqu’à sa mort, survenue le 11 février 1783, il réalisa cinquante-sept orgues neufs. Outre la facture d’orgues, il publia deux livres sur l’histoire de la ville de Strasbourg et sur le Mont Sainte-Odile, il laissa de nombreuses notes historiques et dessins ainsi qu’une collection de monnaies, et fut membre du grand Conseil de la Ville de Strasbourg. Ses orgues de St-Thomas et du Temple-Neuf de Strasbourg furent joués par Wolfgang-Amadeus Mozart, en 1778. C’est lui qui construisit pour les Dominicains de Guebwiller en 1745 l’orgue aujourd’hui installé à Wasselonne.
Son frère Jean-Daniel (1717-1766) travailla dans l’atelier strasbourgeois, avec parfois une certaine indépendance, il fut également organiste du Temple-Neuf à Strasbourg et laissa quelques compositions. En 1752, il partit rejoindre en Saxe son oncle Gottfried, qui avait fait de lui son légataire universel. Il dirigea l’achèvement de l’orgue de la Hofkirche de Dresde, en 1755, et mourut comme rentier à Leipzig. Le musée historique de Strasbourg conserve une serinette signée de sa main.
Le troisième fils d’André, Gottfried II (1722-1762), travailla également dans l’atelier strasbourgeois tout en s’illustrant dans la peinture.
Quant au dernier fils d’André, Jean-Henry (1727-1799), il fut formé à la facture d’orgues par ses frères mais il se spécialisa dans la construction d’instruments à claviers, clavecins, clavicordes, épinettes et pianos-forte, qui lui assurèrent une renommée dans toute l’Europe, jusqu’en Russie. Ses clavicordes étaient très appréciés de Carl Philipp Emanuel Bach.